Ce collage fait surgir de l’ombre une figure indépendantiste algérienne, Ahmed Cherchari (1920-1960), chef de section du Front de libération nationale, reconnu coupable de complicité d’assassinat.
Condamné à la peine de mort le 10 septembre 1959, Ahmed Cherchari est guillotiné le 23 février 1960 à la prison de Montluc, lieu de détention des condamnés à mort algériens en attente d’une exécution ou d’une grâce. Tandis que la prison Saint-Joseph regroupe les militants du Mouvement national algérien (MNA), pas moins de 600 prévenus et condamnés membres ou sympathisants du Front de libération nationale s’entassent à quatre dans les cellules de la prison Saint-Paul au printemps 1958. Ils y constituent alors les trois quarts de la population carcérale de l’établissement.
En 2015, l’Université catholique de Lyon fait don au CHRD de deux portes de l’ancienne prison Saint-Paul comportant des collages de dessins d’Ernest Pignon-Ernest. Fruits d’une installation proposée par l’artiste en 2012, s’y dévoilent les silhouettes à l’échelle 1 de prisonniers saisis dans une position frontale, avec le visage et les vêtements d’un temps qui précède leur incarcération. À la croisée de l’art, l’histoire et la mémoire, ces objets évoquent avec force la présence de prisonniers politiques dans la prison Saint-Paul tout au long du 20e siècle. Leur conservation sur porte permet de rendre compte de l’œuvre d’un artiste pour qui l’inscription dans un site constitue « l'essentiel de la proposition, tant pour ce qui est du sens que du sensible ».
En savoir +
Sérigraphie sur papier vélin, reprise au fusain
Collée par l’auteur sur une porte de la prison Saint-Paul, Lyon
Ernest Pignon-Ernest (né en 1942)