Robert Badinter, rescapé de la rafle de la rue Sainte-Catherine à Lyon
Robert Badinter est né en 1928 au sein d’une famille juive originaire de Bessarabie. Sa famille s'installe à Lyon en 1941 et Robert Badinter est scolarisé au Lycée Amper.
Le 9 février 1943, Klaus Barbie, le boucher de Lyon, commandite la terrible rafle de la rue Sainte-Catherine : 86 personnes juives sont arrêtées dans les locaux de l’Union générale des israélites de France (UGIF) avant d’être déportées, pour l’immense majorité d’entre elles, dans des centres de mise à mort. Parmi elles, Simon Badinter, le père de Robert. Il est déporté à Sobibor, dont il ne reviendra jamais.
Tout juste adolescent, Robert Badinter échappe de peu à l’arrestation ce jour-là, distinguant une dernière fois la silhouette de son père.
Ce traumatisme orientera son regard sur le monde, nourrissant chez lui un engagement viscéral contre l’injustice et l’antisémitisme.
L'abolition de la peine de mort
Après la guerre, Robert Badinter devient docteur en droit, agrégé, professeur à la Sorbonne, puis avocat au barreau de Paris. Son combat pour l’abolition de la peine de mort commence en 1972, lorsqu’il défend Roger Bontems, sans parvenir à éviter sa condamnation à la peine de mort. Cette expérience le bouleverse et le conduit à devenir l’une des voix majeures de l’abolition en France.
En 1981, il est nommé Garde des Sceaux par François Mitterrand. Dès septembre 1981, il présente le projet de loi portant abolition de la peine de mort, adoptée le lendemain par l'Assemblée Nationale et promulguée le 9 octobre 1981 : « Demain, grâce à vous, la justice ne sera plus une justice qui tue ». Cette victoire a marqué à jamais le paysage judiciaire français.
Le procès de Klaus Barbie, premier procès filmé pour la mémoire grâce à Robert Badinter
En tant que ministre de la Justice, Robert Badinter joue également un rôle décisif dans la préparation du procès de Klaus Barbie, ancien chef de la Gestapo de Lyon. Soucieux de la portée symbolique et mémorielle de cet événement, il veille à ce que l’accusé soit incarcéré à la prison de Montluc, lieu où des milliers de personnes furent détenus.
C’est également sous son impulsion qu’est adoptée, le 11 juillet 1985, la loi permettant l’enregistrement audiovisuel des procès présentant un intérêt historique. Grâce à ce texte — souvent appelé « loi Badinter » —, le procès Barbie, ouvert en 1987, devient le premier procès pénal filmé en France, marquant une étape essentielle dans la transmission de la mémoire judiciaire et historique.
Une vie d'engagement
Au-delà de ces engagements, Robert Badinter s’est battu pour la dignité des détenus, la lutte contre l'homophobie, l’antisémitisme, et le renforcement de l’État de droit.
Son engagement se manifeste aussi par la transmission : en 2011, il inaugure une plaque commémorative rue Sainte-Catherine à Lyon, pour que nul n’oublie le destin de ceux qui y furent arrêtés.
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La rafle de la rue Sainte-Catherine
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