Citoyens en résistance. Destins croisés de Jean-Pierre Vernant et Pierre Vidal-Naquet

Exposition "citoyens en résistance" au CHRD en 2010

La complémentarité des écritures

 

« Il n’était pas écrit dans les astres que nous nous rencontrerions, Jean-Pierre Vernant et moi, et qu’une part de notre œuvre deviendrait commune. Pour que la rencontre se fasse, il fallait que le philosophe (lui) rompe avec l’idée qu’il existe des catégories abstraites : l’espace, le temps ; il fallait que l’historien (moi) recherche les chemins d’une autonomie de l’histoire intellectuelle. »

Pierre Vidal-Naquet

 

L’un comme l’autre le disent, ils pensent différemment : l’un en philosophe, l’autre en historien.

Jean-Pierre Vernant part des concepts ou des faits de civilisation, il tente d’approcher les manières de penser. Pierre Vidal-Naquet est sensible aux différences de temps, de circonstances ; Jean-Pierre Vernant considère davantage « la pensée grecque » comme une sorte de tout invariant.  Pour Vernant, la philosophie est un mode de vie. Pour Vidal-Naquet, l’histoire n’est pas seulement une discipline universitaire mais un être au monde particulier. Sans cesse, il cherche le vrai, s’engage et milite, mais en historien. Il parle dans son militantisme au quotidien de sa « rage historique ». Il compile, monte des dossiers, amasse toutes les données qu’il peut récupérer – en quête d’une impossible exhaustivité ? – avant de les analyser.

L’entrelacement de leurs écritures se fait par une recherche de complémentarité. L’érudition et la précision de l’historien complète l’organisation conceptuelle du philosophe.