Puisque le ciel est sans échelle - Dessins d’Arthur Goldschmidt au ghetto de Terezin

"Personnages assis sur une butte" par Arthur Goldschmidt, 1942-1945 - Collection du CHRD, fonds Georges-Arthur Goldschmidt, N° Inv. Ar. 1626-43 © Pierre Verrier

L’administration juive du ghetto

Le ghetto dépend directement d’Adolf Eichmann. Ses directives y sont appliquées par une Lagerkommandantur, qui dispose de l’appui répressif d’un bataillon SS posté à la Petite Forteresse et d’une unité d’environ 150 gendarmes tchèques. Surtout, les nazis créent à Theresienstadt, comme ils l’avaient fait pour tous les ghettos de Pologne depuis 1939, une administration, désignée et strictement contrôlée par eux. Constituée d’un doyen, le Judenältester, et d’un « Conseil juif » composé de douze personnes, cette administration a une double fonction : appliquer scrupuleusement les instructions des Allemands et tenter d’organiser la vie collective à l’intérieur du ghetto.

L’administration juive comprend cinq directions principales : Affaires intérieures, Économie, Finances, Technique, Santé, auxquelles s’ajoutent les bureaux du Travail, de la Jeunesse et des Loisirs, divers organismes chargés de surveiller les cuisines et stocks alimentaires. L’espoir d’être protégé de la déportation vers l’Est entraîne la formation d’une bureaucratie de plus de 17 000 personnes, sur une population d’environ 50 000 internés. Parmi ceux-ci, 200 à 400 font partie de la Ghettowache, la garde du ghetto. Ces fonctions de police, qui conduisent les administrations juives à jouer un rôle dans la formation des convois de déportation, suscitent de vives polémiques après la guerre.

Améliorer la vie des Juifs dans le ghetto, assurer la survie des internés en faisant régner l’ordre et le calme imposés par les nazis sont les raisons invoquées par les responsables juifs pour justifier leur participation à ces administrations « autonomes ».