Puisque le ciel est sans échelle - Dessins d’Arthur Goldschmidt au ghetto de Terezin

"Personnages assis sur une butte" par Arthur Goldschmidt, 1942-1945 - Collection du CHRD, fonds Georges-Arthur Goldschmidt, N° Inv. Ar. 1626-43 © Pierre Verrier

L’idée nazie du ghetto

L’idée de créer des ghettos pour les Juifs apparaît dans les débats nazis à la fin des années trente. Elle répond à la volonté de séparer physiquement les « Aryens » et les Juifs, à défaut de pouvoir leur faire quitter le territoire contrôlé par le Reich. L’enfermement des Juifs dans les ghettos après l’occupation de la Pologne, en septembre 1939, n’est pas pensé comme une étape intermédiaire avant leur extermination. Il découle de l’incapacité de procéder à l’expulsion des plus de deux millions de Juifs qui vivent alors dans l’espace territorial contrôlé par les nazis.

À partir d’octobre 1939 et au cours des années 1940-1941, des ghettos sont mis en place dans presque toutes les agglomérations où se trouvent des Juifs, dans le Gouvernement général et dans le Wartheland. En Pologne orientale, occupée à la suite de l’attaque contre l’URSS en juin 1941, les ghettos sont créés à la fin 1941-début 1942, parallèlement à la mise en place progressive de la politique d’assassinat des Juifs par le Troisième Reich. Des centres de mises à mort s’élèvent à proximité des grands ghettos : Treblinka près de Varsovie, Chelmno près de Lodz, etc.

Dans les grands ghettos surpeuplés, la promiscuité, la famine et les épidémies provoquent une très importante mortalité, alors que dans d’autres les conditions de vie furent parfois moins meurtrières. L’histoire de chaque ghetto est singulière, les capacités d’accommodement aux conditions de vie imposées propres à chaque prisonnier.

Débutée au printemps 1942, la liquidation des ghettos s’étale sur plus de deux ans, au rythme de la « Solution finale » et en fonction des intérêts économiques locaux. Avec la déportation en août 1944 de 65 000 personnes vers Auschwitz, Lodz est le dernier des ghettos liquidés.